Archives de Tag: Bilan
Legacy of Kain: Blood Omen (PC) [1995]
26 novembre 2012
Publié par le « Il existe une opération magique, d’une importance maximum: l’initiation d’un nouvel Éon.
Lorsqu’il devient nécessaire, la planète toute entière doit baigner dans le sang. »
C’est sur ces mots de l’occultiste britannique Aleister Crowley que démarre l’un des récits les plus épiques et denses du Jeu-Vidéo, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’on est prévenu d’office: la saga Legacy of Kain ne s’adresse pas aux jeunes joueurs et la maturité de son ambiance gore et gothique réserve ce Blood Omen à un public averti et, à l’époque, très exigeant.
Pour faire simple, ce titre est issu d’un autre temps (tout comme son discutable artwork sur PC, bien plus soignée pour sa présentation Playstation…), d’une autre période, où le Jeu-Vidéo était encore pointé du doigt comme un mauvais hobby, le vilain petit canard des arts modernes et de la technologie, réservant cette discipline à une catégorie de personnes assez restreinte et au courant de son actualité. En 1995, les joueurs étaient pour la plupart ce que l’on appelle de nos jours des « Hardcore Gamers », terme qui aujourd’hui a bien perdu de son sens, communauté assez à part et incomprise, souvent très élitiste pour qui la qualité d’une production se devait d’être exemplaire avant de lui assurer un semblant de succès commercial.
Les développeurs devaient rivaliser de prouesses, de technique et d’inventivité pour gagner la reconnaissance de cette meute affamée et espérer se démarquer du lot. Seuls les meilleurs passaient à la postérité, les autres, eux, restaient condamnés au grade de « seconds couteaux », que seuls les nostalgiques de l’époque peuvent encore se remémorer aujourd’hui. La publicité pour le genre n’existait pas ou peu, limitée à quelques magazines spécialisés vendus aux plus acharnés, le bouche à oreille était la meilleure façon d’être au courant des dernières actualités et des différents hits à ne surtout pas manquer.
C’est dans ce cadre aujourd’hui révolu qu’est sorti ce premier épisode de la série Legacy of Kain, développé par Silicon Knights, petite boîte ayant auparavant donné naissance à quelques productions n’ayant pas marqué les esprits. Bien conscients qu’il fallait proposer une expérience nouvelle aux joueurs pour espérer convaincre un plus large public, Blood Omen est né de la volonté et l’ambition profonde d’une poignée de personnes d’offrir un voyage unique et jamais vu auparavant dans le domaine vidéo-ludique. Transpirante d’ingéniosité, impressionnante par sa richesse hors-norme et son scénario soigneusement étudié, sa mythologie très persistante et son univers particulièrement fouillé, la première aventure du vampire Kain marquait au fer rouge les amateurs d’Heroic-Fantasy et d’Aventure en tous genres, s’imposant à l’époque comme un divertissement unique et précurseur d’une horde de classiques ayant connus un succès retentissant.
En observant le gameplay de Blood Omen, on pense surtout au Hack’N’Slash, Diablo en tête, mais également à Baldur’s Gate. C’est également Fallout qui nous vient à l’esprit pour ces éléments de jeux de rôles caractéristiques et inhérents à la série. Blood Omen est arrivé bien avant tous ces titres et je mettrais ma main à couper que ces derniers n’auraient pas tout à fait eu le même aspect sans l’existence du dernier né de Silicon Knights. En dépit de son influence et de son succès critique, autant de la part des joueurs que des professionnels, cette première incursion dans l’univers de Nosgoth n’en reste pas moins un relatif échec commercial, lui conférant un statut culte de qualité dans l’ombre imposante de son petit frère Soul Reaver, sorti quelques années plus tard.
Blood Omen vous conte l’histoire de Kain, jeune noble preux et vaillant, qui fût un beau soir lâchement assassiné par une horde de brigands sans vergogne… Condamné à souffrir pour l’éternité dans un monde inférieur, Kain accepte sans hésitation la proposition de Mortanius, puissant nécromancien lui offrant la possibilité de se venger de ses agresseurs en recouvrant la vie. Il ne réalisait pas alors que ce choix allait impliquer de lourdes conséquences, la principale étant directement liée à la « nouvelle vie » promise par le sorcier: Kain retrouverait bel et bien les joies d’une existence en chair et en os, mais sous la forme d’un vampire, n’ayant d’humain que l’apparence lointaine et dont la soif de sang serait désormais intarissable… Un bien lourd fardeau à porter pour ce noble autrefois sans histoire, injustement abattu et dont l’unique motivation n’est désormais plus que la vengeance. C’est ainsi que Kain se met en route, franchissant cryptes et cimetières en direction de Ziegsturhl, lieu où s’est déroulé le tragique accident. Abattant sans pitié ses bourreaux d’autrefois, Kain réalise que son souhait est désormais exaucé, vengeance est faite, sa prochaine étape ne serait autre que le repos éternel… Mais, sous cette forme damnée, comment obtenir ce mérite ? Dans le doute, le chevalier vampire se remet en route, espérant trouver réponses à ses questions, et fait bien rapidement la connaissance d’Ariel, représentante de l’Équilibre du monde de Nosgoth. Cette dernière lui explique que la contrée est en danger, suite à un complot au sein même du Cercle des Neufs, protecteurs de Nosgoth et du destin du monde. En temps normal, Kain n’aurait eu que faire de ces histoires qui dépassaient de loin l’existence des humains, mais Mortanius l’informe que ses assassins étaient envoyés par l’un des gardiens corrompus du cercle… C’est donc dans un but à la fois personnel et moral que Kain part à la recherche des membres du cercle pour mettre fin aux maux de Nosgoth, et avant tout venger sa mort…
Le scénario de Blood Omen est aussi recherché que sa mythologie est profonde, Silicon Knights n’a rien laissé au hasard et a doté son titre d’un background prodigieux et rare à l’époque pour une production d’un studio tiers, un univers hautement détaillé, fourmillant de détails participants grandement à l’immersion du joueur, marquant d’un bout à l’autre et proposant de ce fait une expérience hors-norme. Des origines du monde à sa création, jusqu’à son anéantissement, tout vous sera conté au cours de votre périple, vous promettant une aventure haletante et épique dans tous les sens du terme. Blood Omen n’est pas qu’une simple histoire de vengeance, c’est une fresque détaillée de la destruction d’un monde et de la perfidie des entités le dirigeant.
Comme dit plus haut, le soft nous rappelle des classiques tels que Diablo ou Baldur’s Gate pour ne citer qu’eux, même si en vérité, ce serait plutôt ces deux derniers qui nous rappelleraient Blood Omen. Vous dirigez votre personnage vu du dessus, à la manière d’un jeu d’aventure comme Zelda, attaquant en temps réel vos ennemis et utilisant divers pouvoirs magiques pour vous débarrasser d’eux. Le système de combat est plutôt simple mais pas vraiment des plus précis, Kain dispose de plusieurs armes allant de l’épée au fléau, en passant par les haches, mais a malheureusement la souplesse de Goliath. Les coups sont relativement lents et il est parfois complexe de bien réagir face aux ennemis plus rapides qui vous toucheront sans mal, heureusement, pour palier à ce défaut, chaque attaque est dévastatrice et les pouvoirs amassés en cours de route surpuissants. Des pouvoirs d’ailleurs originaux et bien utiles, essentiels même quoi qu’optionnels au déroulement de l’aventure. Éclair, Possession des Corps, Douche de Sang, Invisibilité, Putréfaction des Cadavres ou encore la possibilité de se transformer en Loup-Garou vous seront octroyés si vous daignez explorer de fond en comble l’immense monde de Nosgoth. Vous aurez également la possibilité d’équiper Kain de nouvelles armures magiques lui permettant par exemple de repousser certains monstres, résister au feu ou attirer le sang versé par ses ennemis dans son propre corps, restaurant de ce fait votre « vie ». Car dans Blood Omen, pas de medkits, de potions ou de fées, mais l’élément principal de toute vie sur terre, le Sang… Quoi de plus normal pour un vampire me direz-vous ?
La progression se fait par étapes, à chaque nouveau membre du cercle recherché, Kain devra visiter une nouvelle contrée, fort de nouveaux pouvoirs acquis en chemin lui permettant d’ouvrir de nouvelles routes auparavant inaccessibles. De très nombreux donjons vous attendent au cours de votre périple, ces zones étant d’ailleurs le point principal du jeu, à l’inverse d’un Zelda comportant quelques donjons majeurs et un grand monde central où la majorité de l’action aura lieue. Dans Blood Omen, votre périple est jonché de cavernes, châteaux et autres repères obscurs, autant dire que l’exploration est primordiale et la persévérance essentielle tant leur nombre est conséquent. Le Level design est très bien étudié et malgré l’abondance de ces zones, on ne ressent à aucun moment une impression de déjà vu ou de copié/collé. Les énigmes et mécanismes présents dans le jeu sont dans l’ensemble assez simples et se constituent pour la plupart de leviers, portes dérobées ou éléments magiques qu’il faudra actionner à l’aide de vos pouvoirs. L’utilisation des compétences de Kain est obligatoire pour venir à bout des épreuves que vous rencontrerez et une bonne logique sera bien évidemment de mise pour vous permettre de résoudre les mystères rencontrés au cours de l’aventure. L’obtention de nouvelles capacités est ainsi très fréquente et, si la majorité des donjons du jeu sont factices, il n’en reste pas moins plus qu’intéressant de les visiter afin d’améliorer les pouvoirs du vampire et ses compétences. L’interaction avec les personnages non-joueurs n’est malheureusement pas très exploitée, ainsi vous n’aurez jamais de « quête annexe » à résoudre, mais « seulement » une multitude d’endroits à visiter selon votre bon vouloir et le chemin emprunté.
Sur le plan technique, Blood Omen n’avait pas pour ambition de s’imposer comme une vitrine technologique et reste donc un cran en-deçà des productions moyennes de l’époque. Le moteur 2D utilisé se montre néanmoins convaincant dans l’absolu mais ne surprends à aucun moment, aussi, de nos jours, l’aspect « rusto » de la bête risque bien d’en effrayer certains. Les différents pouvoirs magiques sont joliment animés mais les éléments du décors tels que les maisons, villageois, ou la nature elle-même ne sont pas toujours resplendissants, le jeu se rattrape heureusement grâce à son design gothique parfaitement pensé et son identité visuelle très marquée.
Identité renforcée par une bande-son en totale adéquation avec le récit, épique et sombre, vous promettant de longues heures de recherches accompagné des compositions de Steve Henifin. Mention toute particulière au splendide Bastion de Malek qui me donne toujours autant de frissons, et résume à lui seul l’héroïsme de l’aventure que vit le joueur. Des thèmes ambiants, empreints d’ambiances gothiques et médiévales très réussis, relativement peu nombreux mais de qualité plus que satisfaisante, auxquels s’ajoutent divers bruitages rythmant l’action, tous très réalistes. Les dialogues ne sont pas en marge et le jeu fût d’ailleurs reconnu sur ce plan dans sa version originale, proposant une interprétation très juste et poignante de la plupart des acteurs. Pour ce qui est de la version Française, on oscille entre l’excellent et le médiocre: ainsi, si la voix de Kain est tout à fait dans le ton et rapidement attachante, d’autres protagonistes comme Mortanius ou les gardiens des Forges de l’Esprit s’avèrent malheureusement plus comiques qu’effrayants, la faute à un doublage bancal et pas franchement peaufiné… Un contrat tout de même très bien honoré dans sa globalité qui restera tout de même inférieur à sa version originale, comme souvent à l’époque.
Pour les plus courageux, le monde de Nosgoth réservera de bien belles surprises à ceux qui auront le courage de s’y aventurer en profondeur, entre cavernes, châteaux, grottes et passages secrets, la durée de vie du soft s’élève à une bonne quarantaine d’heures pour en faire complètement le tour. Ceux qui sont en revanche plus préoccupés par le scénario que la vadrouille en pleine nature en verront la fin en un peu plus de 20h selon leurs prouesses d’aventurier.
Quoi qu’il en soit, Blood Omen reste un jeu exigeant mais néanmoins accessible à la plupart, pour peu que la motivation suive. L’aventure haletante, le scénario recherché, le gameplay simple et efficace et le rythme général de la progression suffisent à captiver le joueur pour lui offrir une expérience unique et mémorable, un petit coup de génie qui marquait les débuts d’une grande série… Et démontre par la même occasion que la seconde moitié des années 90 aura marqué un tournant pour le Jeu-Vidéo, essentiellement sur les qualités d’immersion. Sauter sur des ennemis ou tronçonner des démons sans but précis ne suffisait plus, tout avait déjà été dit dans ce domaine, il fallait désormais penser à entraîner le joueur au cœur même de l’action. Blood Omen est et reste incontestablement un nom à connaître quand on évoque cette significative évolution.
En résumé, une perle qui se doit d’être dépoussiérée, recommandée aux amateurs d’Aventure, d’Heroic-Fantasy et d’A-RPG dans la veine de Secret of Mana ou la série Zelda.
Vae Victis !
Comme d’habitude, n’hésitez pas à laisser un commentaire en tant qu’invité pour parler du jeu / de la chronique, ça fait toujours plaisir ;o)
Sheitan (2006)
12 octobre 2011
Publié par le Alors comme ça, il paraît que j’ai des goûts douteux en cinéma. Bon, je le reconnais en partie, je cède souvent à la tentation et à la facilité. Ainsi, rire grassement et soupirer avec mépris devant le dernier Teen-Movie à la mode m’arrive plus souvent que de constater à quel point Jack Nicholson est un putain d’acteur comme on en a rarement vu. Dans un sens, regarder des films de merde à longueur de temps vous fait apprécier puissance 1000 de vrais chef-d’œuvre, et ça c’est un plaisir indescriptible que les explorateurs de chartes IMDB ne peuvent se permettre. Bon, bref, je suis l’expert du cinéma « Punk » et grossier que tout individu normalement constitué reniera avec dégoût, pour en rire secrètement avec ses potes à l’occasion.
Au moins vous savez à qui vous avez à faire.
Bref, aujourd’hui j’ai décidé de pondre quelques paragraphes sur Sheitan, de Kim Chapiron (Dog Pound), rien que pour vous, mais surtout faute d’avoir mieux à faire. Hum.
Sheitan, le film pas bien que tu vas aimer voir.
Avec une accroche pareille, il y a 75% de chances pour que mes potentiels lecteurs aient déjà quitté la page, donc je peux écrire à peu près ce que je veux. Non bon allez, je vais rester sérieux.
Sheitan est un film français, sorti en 2006 et dirigé par Kim Chapiron, qui nous offrait l’an passé l’excellent Dog Pound. Première expérience du jeune cinéaste, cette comédie noire malsaine à souhait et complètement frappée avait fait l’effet d’une bombe à retardement lors de sa sortie : Vincent Cassel dans un rôle de paysan déglingué et sataniste qui martyrise des racailles la veille de Noël, forcément, ça promettait du lourd. Le lourd, on l’a eu, dans tous les sens du terme d’ailleurs.
Le scénario écarte volontairement toute pensée philosophique et bonne morale et fait un très gros doigt d’honneur aux comédies beaufs dans lesquelles apparaissent, au hasard, Franck Dubosc (au hasard hein je répète). Nous suivons l’histoire d’une bande de petites frappes parisiennes au vocabulaire logeant sur une feuille (pas deux) de papier toilette Monoprix, pas attachants pour un sou et dont on ne leur souhaite qu’une seule chose: mourir. Jusque-là, un film d’horreur assez classique me direz-vous.
La joyeuse troupe décide, suite à une soirée un peu mouvementée, de prendre quelques jours de vacances et fêter Noël dans la maison de campagne d’une jeune pousse aux formes chaleureuses, interprétée par Roxane Mesquida. Loin de tout et perdus au beau milieu d’un environnement aussi passionnant que la Creuse, nos parisiens de choc vont passer un Noël qu’ils ne sont pas prêt d’oublier en la compagnie d’un hôte dérangeant et dérangé, campé à merveille par Vincent Cassel…
Vincent Cassel, bouffon du diable et plus encore.
Vous voyez José Bové ? Dolph Lundgreen ? Nicolas Sarkozy ? Pour une fois ce dernier n’a rien fait et ne servira qu’à booster les résultats de recherches dirigeants vers mon article (je vous ai dit, je peux écrire ce que je veux, personne ne lit normalement passé le premier paragraphe, d’ailleurs je vous félicite si vous êtes encore là), en revanche si vous assemblez les deux premiers cités, vous obtenez Joseph, rôle de Cassel dans Sheitan. Véritable force de la nature, peu porté sur l’hygiène corporelle et les bonnes manières, cet autochtone envahissant et maladroit va faire vivre à la bande de jeunes le pire Noël qu’on puisse imaginer. Au programme, voyeurisme, violence volontaire, langage ordurier, excision d’organes divers et spécialités locales peu recommandables au voyageur en perdition.
Une bête féroce, un grand comique, le stéréotype grossier vulgaire du paysan, le mec qu’on connaît pas qui fait un peu flipper, le lourd qui s’incruste dès que possible… Vincent Cassel, dans Sheitan, c’est tout ça à la fois, et c’est franchement merveilleux. Les critiques s’accordent pour dire que sans sa performance, le film n’aurait probablement pas fait grand bruit et n’aurait pas dépassé le cadre de la série Z, mais heureusement, c’est tout l’inverse. Point fort incontestable de la réalisation, ses frasques multiples ne manqueront pas de vous faire rire ou bien vous effrayer, et c’est d’ailleurs sur cet enchaînement d’émotions que Sheitan se démarque habilement des autres: passer du rire à la psychose en un claquement de doigts, c’est pas un phénomène très courant.
La blague qui tue ? Presque.
Comme je l’ai déjà dit plus haut (relisez bon sang..), Sheitan est un film très malsain, agrémenté d’un d’humour noir des plus borderline. Si la première moitié de cet obscène délire oscille entre la comédie et le nanar assumé, la seconde en revanche s’avère bien plus violente et troublante, voire provocante. Aucune compassion pour les héros, aucune envie de les aider, à vrai dire, tout dans ce film est prévu dans l’unique but de les voir souffrir et ne pas sortir en vie de cet enfer campagnard. A mi-chemin entre Texas Chainsaw, Halloween ou bien House of 1000 Corpses, que j’ai précédemment chroniqué (hé oui, là encore, relisez) , Sheitan combine d’une belle manière une atmosphère délirante et pourtant très tendue. Son scénario, très maigre et peu cohérent, ne restera pas gravé en mémoire bien longtemps, de même que son casting tout à fait moyen et fauché… Mais sa direction, son ambiance, son humour révoltant et la performance encore une fois excellente de Cassel suffiront à convaincre les fans d’Exploitation et de cinéma Trash à jeter un œil sur cet essai assez unique dans le paysage horrifique français…
Sheitan, en résumé ? Un film de fou, pour les fous.
Voilà qui devrait bien vous avancer !
PS : les plus malins d’entre vous auront remarqué une image subliminale d’un mauvais goût effroyable lors des premières secondes du générique final… très classe !
Rosetta, 18/07/11
21 septembre 2011
Publié par le Rosetta ! En voilà un groupe qu’il est bon, et dont ni Colossalvoid, ni Halkeron, ni moi ne vous avons encore parlé. Bizarre, ça… mais ça viendra ne vous en faites pas !
Ainsi, même si le concert dont je vais vous parler a déjà quelques semaines au compteur, un petit live-report me semble une bonne entrée en matière à Rosetta. En deux mots, de quoi s’agit-il ? D’un groupe américain de sludge (et aussi un petit peu post-rock) dont les chansons traitent de l’espace et du cosmos. Un intérêt qui ne se ressent pas que dans les paroles mais aussi dans la musique, avec un aspect souvent aérien malgré les riffs méga plombés et la voix particulièrement hurlée.
Donc, en ce lundi soir, c’est parti pour une soirée bien hipster, entre connaisseurs. Il va sans dire que la majorité du public présent se retrouvera, cinq jours plus tard, au concert des excellents Neurosis. Pas mon cas, hélas.
Après avoir retrouvé l’ami Halkeron et Vivi (une bourgeoise sludgeuse sur laquelle il y aurait beaucoup à dire, mais dans un autre article, promis), et après nous être restaurés, nous pénétrons en cette petite salle parisienne, très conviviale au demeurant, qu’est le Klub. On a bien fait d’arriver en avance, la salle se remplira sans discontinuer. Vu la notoriété du groupe dans le genre, la rareté de ses passages en France et la capacité de la salle, nul doute qu’on va être de plus en plus serré. Et en effet, la marge de manœuvre dont moi et mes camarades disposeront se réduira au fur et à mesure des quatre groupes qui vont se succéder ce soir-là.
On attaque sous les meilleurs auspices avec Zéro Absolu ! Un one-man band venu d’Annecy, plus franchement orienté post-rock. Et notre homme d’assurer toutes ses compos tout seul, un instrument après l’autre, en enregistrant des boucles instrumentales, comme un véritable homme-orchestre. Comme je pense qu’une vidéo vous parlera plus, voici (je précise toutefois que cette vidéo n’est pas celle de ce lundi soir mais d’une autre date) :
Il paraît que c’est une pratique pas si isolée que ça, mais c’était la première fois que je voyais cela. J’ai été séduit par ce procédé, on pouvait vraiment apprécier la montée en puissance des compos, très solides au demeurant. Je ne me suis pas encore procuré les albums du monsieur, mais c’est prévu, et dans un avenir trèèès proche !
Deuxième groupe : Lost In Kiev ! Encore des français ! Officiant dans le même style, ils s’emploient à nous faire passer un bon moment et s’en sortent bien. Chaque morceau contient ses bons moments, et même si je décroche parfois, l’intervention de Mike Armine, vocaliste de Rosetta, achève de me convaincre. La moins bonne première partie à mon sens.
Alors que la foule commence vraiment à se faire compacte, que je squatte les premiers rangs depuis le tout début de la soirée avec un mal de dos qui s’intensifie, s’installe sans tarder City Of Ships. On commence à entrer dans un registre plus violent et hardcore, les compos charclent sévèrement, le vocaliste aussi, quelques pogos éclatent. Le son est clair, puissant, de qualité. Et même si je n’avais pas du tout écouté le groupe avant, j’apprécie quand même la musique proposée et m’échauffe un peu les cervicales avant LA tête d’affiche !
Dernier changement de matos, dernière attente. Je piétine, la salle est remplie jusqu’à la masse critique, l’impatience monte, des bourrés mongoliens lancent « alors ça vient ? on a pas le temps ! on est pas là pour cuire des haricots ! » , et autres preuves d’intelligence. Si vous lisez ces mots par hasard : allez vous faire foutre (décidément mes live-reports se transforment en règlement de compte).
Bref, Rosetta arrive sous les hourras. Les setlists du groupe américain sont souvent variables, donc on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Mais mon sang ne fait qu’un tour quand je reconnais « Red In Tooth And Claw », issue de l’album « Wake / Lift ». Pour commencer le concert, y’a pas mieux, et l’assistance headbangue comme un seul homme.
Le gros point fort de ce concert, c’était indéniablement la proximité avec le groupe. On peut pas faire mieux dans le domaine. Mike Armine qui vous gueule dessus à bout portant, fendant la foule, allant jusqu’au fond de la salle, revenant, slammant, c’est assez magique. Les vagues pogotiques se déchaînent par instants dans un certain chaos. On manque même de renverser le laptop d’Armine dans tout ce bordel. Niveau setlist, pas tellement de surprises en fin de compte : pas de morceaux du premier album, beaucoup d’extraits du dernier, dont « Release », avec la voix claire du bassiste. La grosse surprise est quand même arrivée en fin de concert, au moment du rappel : alors que tout le monde s’attendait à « Wake », Rosetta nous sort « Monument » ! Une rareté live qui fait bien plaisir. C’est une salle surchauffée et un Mike Armine en sueur, assis au bord de la scène que nous quittons après ce dernier moment de bravoure, pleinement satisfaits par cette très bonne soirée !
(NDLR : j’ai tenté de prendre quelques photos du concert, mais elles sont vraiment piteuses, et je n’en ai pas trouvé d’autres. Donc, va falloir vous contenter de l’affiche pour le moment, navré.)
Morsay: La Vengeance (Truands 2 La Galère) (2012)
Morsay: La Vengeance (Truands 2 La Galère) (2012)
Petite piqûre de rappel avant de parler de ce chef-d’œuvre honteusement oublié à la cérémonie des Oscars 2012, je tenais en premier lieu à rappeler à mes lecteurs qui était l’illustre réalisateur de ce block-buster, à savoir Mohamed Mehadji, plus connu dans le paysage virtuel sous le nom de… Morsay.
Ahhh, Morsay… Sans doute l’une des « personnalités » françaises les plus drôles de ces dernières années. Involontairement, certes, mais drôle quand même. Tout comme Tony Montana, Morsay est parti de rien pour gravir les échelons de la société. A l’inverse, lui n’a jamais vraiment dépassé le statut de vendeur de frites. Initialement commerçant de T-Shirts à la sauvette avec son frère Zehef, Morsay est par la suite devenu une caricature du rappeur moderne, pseudo-podcasteur, membre de la mafia, dealer, proxénète et enfin Réalisateur ! Rien que ça mes amis, hé oui ! Ça vous en bouche un coin pas vrai ? Bref, une véritable réussite sociale. Ce drôle de pingouin aurait très bien pu rester dans l’ombre jusqu’à la fin de ses jours (ou à l’ombre, en fonction des évènements), mais c’était sans compter sur l’aide des Noelistes qui, en Février 2008, s’en prennent avec violence au rappeur suite à la publication de son plus grand hit, « On S’en Balle Les Couilles » (Non non je tiens à vous rassurer, je n’ai fait aucune faute, c’est lui même qui l’écrit comme ça, la preuve en vidéo).
Quelle nostalgie, dire que tout est parti de cette vidéo !
Suite aux attaques et provocations incessantes de cette communauté au bonnet rouge, Morsay pète les plombs, il est « supervénèretaracelapute » comme on dit chez lui, et publie une vidéo qui fera rapidement le tour du net pour s’imposer comme l’un des phénomènes du Web les plus connus de France. La vidéo en question, intitulée « Morsay: Message à Internet » et longue d’une dizaine de minutes, nous montre l’intéressé en compagnie de tous ses amis du quartier (et de personnes probablement soudoyées), remerciant tout d’abord les gens qui le soutiennent (???), puis partant d’un seul coup dans un ballet d’insultes toutes plus improbables les unes que les autres en direction de ses détracteurs. Le vocabulaire du zouave est à peine plus complet que les instructions fournies sur l’emballage des éponges Spontex et se compose majoritairement d’insultes, parfois d’adjectifs, mais pas grand chose de plus, vraiment. Dans les citations les plus connues, nous évoquerons entre autre « J’te shlasse ta race », « Ta race la mère la pute », « Enculé de ta race » ou encore « Nique ta race ». L’individu semble en toute logique très concerné par le pédigrée et n’hésite pas à s’adresser à ses spectateurs en employant le terme de « Bâtards ».
Morsay en compagnie de son gang de rue. Notez la bille rouge, caractéristique des jouets et reproductions d'armes...
Véritable icône montante, Morsay se rend compte que ses pitreries lui apportent une certaine forme de succès sur la toile… Unanimement considéré comme l’un des derniers rebuts de l’humanité, le guignol n’en démord pas et utilisera depuis lors ce semblant de connerie pour s’illustrer dans des vidéos toutes plus provocantes, insultantes et ridicules les unes que les autres. Tout le monde le prend pour un con, mais ça, il s’en fout, il est connu et c’est ce qu’il veut ! Morsay se sera fait de nombreux ennemis sur la longue route du succès (ironie, ironie…), de la communauté Noeliste au rappeur Heenok Beauséjour, en passant par Marine Le Pen, cette dernière ayant d’ailleurs collé un procès sur le dos de son ami Cortex pour insultes et diffamations. En bref, le petit monde de Morsay tourne uniquement grâce à sa mauvaise réputation et sa crédibilité proche du néant. Reconnaissons lui tout de même un sacré sens de l’imagination, le gus nous surprenant toujours depuis plus de 4 ans dans ses projets de conquête du monde. Dernières idées en date ? Morsay Président, et celle qui nous intéresse le plus ici, Morsay Réalisateur !
Non non, ce n'est pas la nouvelle campagne des Restaus du Cœur, mais juste Morsay et son ami Cortex dans leur boutique de Clignancourt.
C’est l’heure de la review, disséquons ensemble les dessous du film le plus choquant, le plus controversé, le plus remarquable, le plus surprenant et le plus haï de ce début d’année 2012 (rayez les mentions inutiles). Ça commence fort avec une introduction réalisée sous Sony Vegas Pro, une police Sci-Fi affiche le titre ainsi que sa team d’élite sous fond d’un classique de Zehef, qui nous accueille par un « Wai Wai Wai ! Ze-Ze-Zehef ! ». Hum.
L’intrigue démarre dans un parc, Morsay est assis sur un banc en compagnie de Zehef et l’un de ses potes, s’insultant joyeusement de « braqueurs de merguez » et autres familiarités liées aux trafics du « gang » de « voyous », quand apparaît soudain une brigade de policiers en inspection de routine. Les deux frères décident de tenir tête à la police sans raison apparente, et là, c’est le drame: une véritable vendetta orchestrée par Steven Seagal éclate contre les forces de l’ordre, Morsay et Zehef sont dès lors rapidement mis sous détention pour violences sur agent. Persuadé d’avoir été pris comme cible par un flic véreux, Morsay sort de prison avec pour seul but de se venger de celui qui lui a tendu un piège. Zehef, quant à lui, prend du recul par rapport à ces évènements et aspire à une vie régulière, souhaitant créer sa propre marque de vêtements, « Truands 2 La Galère », et gagner sa vie de façon honnête… Mais c’était sans compter sur son frère qui enchaînera les coups foireux et s’attirera des embrouilles incontrôlables pour un petit truand de son espèce…
Le film se lance sur une touchante scène d'amitié et de fraternité.
Voilà pour le scénario. Là comme ça, vous imaginez sûrement un truc cool, croisement entre Scarface / La Haine, mais en fait non, c’est tout l’inverse, c’est même inimaginable je vous assure. Premièrement, la réalisation… Quelle réalisation mes amis. La Vengeance est de toute évidence un film bas budget, malgré les annonces de 65 millions d’euros dépensés (qui sont aussi vraies que les rumeurs sur la sexualité de Jean-Pierre Pernaut). Mise au point floue, caméra hésitante et tremblante, faux raccords, effets spéciaux (coups de feu) réalisés à l’aide d’After Effect, piste sonore mal balancée et régulièrement saturée (interview du juge par une journaliste: « AWOUBOUHAWHOBUHA verdict définitif ? AWOUBUBUBUH-ci beaucoup madame la juge« )… Le tout mélangé à des acteurs médiocres, vraisemblablement sélectionnés faute de mieux, et vous obtenez un film à peine plus professionnel qu’une pub pour le ketchup Heinz. Ici, point de perches micros dans le champ, il n’y en a pas, tout a été enregistré avec un Blackberry. Flûte alors, moi qui m’attendait à rire de ces détails comme je l’ai fait devant Black Dynamite, la déception fût rude. La bande-son ne fait qu’aggraver les choses, n’étant pas un grand amateur de Hip-Hop mais néanmoins de bonne musique, je pense, malgré mes lacunes, être en mesure d’affirmer que la quasi-intégralité du film nageait dans un énorme océan de merde, et c’est peu dire. Un Tsunami de mauvais-goût, de productions infâmes et de rap haineux. Vous voyez, on est déjà bien loin de La Haine.
Morsay au supermarché... La discrétion, c'est son rayon !
Parlons du script et des dialogues, sans doute le point le plus intéressant de tout ce joyeux bordel (ou pas). La Vengeance constitue une sorte de palmarès du grand n’importe quoi. Incohérent, grossier, ridicule et parfois incompréhensible, le film regorge de répliques croustillantes que l’amateur des Monty-Phyton ne saurait renier. S’enchaînent alors des scènes d’une absurdité incroyable, la plus connue étant probablement celle du tribunal: « Vous avez un regard bien énervé monsieur ! Comment qu’on dit chez vous ? … Ah oui, voilà. Vous avez un regard bien ZEHEF !« . Dans les grands moments forts, je pense également à cette fameuse scène où Morsay passe la nuit chez l’un de ses camarades de cité. « Putain comment vous puez des pieds les mecs un truc de ouf ! On dirait que y’a un rat crevé dans tes pieds ! Non mais vous vous lavez desfois sans déconner ?« … De la poésie moderne
chiéecontée par un cœur lourd et désespéré. Désespéré, tout comme Zehef, qui contre toute attente se révèle être le seul personnage un tant soit peu appréciable du film. Habituellement trois fois plus con que son illuminé frangin sur leurs vidéos de famille, le bougre s’avère fort attachant, comique, et presque convaincant dans son rôle de Grand Frère de l’Extrême. C’est également le seul « acteur » du film semblant doué de logique, ce qui n’est pas rien dans une fiction aussi surnaturelle !La technique de Morsay pour terroriser ses adversaires ? Les noyer dans la salive.
Pour le reste, le film est entaché de scènes absolument ignobles et inutiles, une bonne moitié de l’action se résumant à la quête du sexe opposé par Morsay (quête qu’il finira inévitablement par échouer soit dit en passant), où lui et l’un de ses affreux glands de compatriotes nous montreront toute l’étendue de leurs atouts de gentlemen. Si vous avez apprécié Hitch, Expert en Séduction, vous pourrez vous passer des conseils de Morsay, Expert en Riendutout, sachez-le. De plus, l’œuvre, que dis-je, cette fresque épique, s’étale sur deux longues heures, deux putains d’heures mesdames messieurs, et les deux génériques combinés ne dépassent pas la minute trente, ce n’est pas une illusion ! Il est évident que le film aurait aisément pu être tronqué d’une bonne heure (voire même carrément deux avec le recul), mais non, toujours plus long, toujours plus con, Morsay en rajoute couche pour ne laisser personne sur sa faim. J’attends impatiemment la version Blu-Ray 1080p Director’s Cut hein, attention, pré-commandée dès l’annonce même à la Fnouc du coin !
Passé l'heure, vous ferez à peu près la même tête que Zehef sur cette photo en regardant La Vengeance.
C’est bien simple, je ne peux que vous conseiller de regarder La Vengeance avec vos meilleurs amis, autour d’une bonne pizza et quelques bières, et surtout un téléphone à portée de main, en cas d’urgence décès ou tout autre effet secondaire dû au visionnage. C’est presque ce que j’ai fait, et j’ai passé un moment, honnêtement, vraiment amusant, quoi qu’infâme et trop long. La Vengeance se range dans le bas du classement « So Bad it’s Good« , de par sa stupidité sans bornes et son amateurisme aigu. Ses répliques cultes, ses incohérences et ses acteurs dignes des plus mauvais téléfilms érotiques vous feront passer un bon moment de rigolade bien gras, sans vous laisser un goût trop amer en fin de séance. On ne peut pas dire que je ne vous ai pas prévenu, c’est mauvais, c’est incroyablement mauvais, vous n’avez jamais rien vu de tel, mais ce film mérite d’être vu ! Ne serait-ce que pour relever un challenge et trouver quelque chose d’encore pire, si cela existe. Néanmoins, si ces deux heures devant la production des Truands 2 La Galère n’ont pas été les plus insupportables de ma vie, je me dois de rester objectif et vous alerter sur un point nettement plus sérieux, à savoir l’absence total de maturité, de sources, et de morale de ce film.
Je vous assure que ces doublages encryptés sont d'origine, aucune modification n'a été apportée. Notez que Sean Paul semble faire une apparition spéciale dans le film ! (sic)
La Vengeance, au-delà de son aspect grotesque, est un film haineux. Une production réalisée par des gamins, ni plus ni moins. Un délire entre potes qui, malheureusement, sera vu par un nombre conséquent de personnes. Les évènements de ce film sont, selon son affiche, basés sur des faits réels, ce qui n’est sûrement pas vrai mais suffit néanmoins à instaurer une très mauvaise image des ethnies / groupes représentés dans ce film. Non, les skinheads ne vénèrent pas tous Hitler. Non, Slayer, The Exploited et Cradle of Filth, présents sur diverses affiches à la fin du film, ne sont pas des groupes néo-nazis. Non, les gens de cité ne sont pas tous des « racailles » pour reprendre une expression bien connue, Morsay ne représente pas une généralité, ce sous-individu ne représente d’ailleurs rien ni personne, et n’a que pour seule utilité d’agrandir la haine infondée et le racisme des gens en France. Ce film est tellement puéril et provocant qu’il pourrait presque servir de propagande au service du Front-National, je pèse mes mots. Mais ça, c’est seulement la fiction, et l’image que La Vengeance donne des quartiers défavorisés. Morsay, tu es un con, et je te chie dessus.
Avis à son fan club ! Shlagetto apparaît dans le film, nous racontant sa bouleversante histoire. Un grand moment.
Sur ce je vous souhaite un « bon » film, en espérant que ces (trop nombreuses) lignes vous auront convaincu de voir en famille cette merveille du cinéma français !
Et en plus de ça, on termine sur une pointe d'humour... C'était pas du luxe.