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The Typing of the Dead: Overkill, un jeu qu’il est Mother-Putain-de-Fucking-Good.

The Typing of the Dead: Overkill

OVERKILL:   /oh-ver-kill/n

1. La capacité de détruire une cible en utilisant plus d’armes que nécessaire.
2. Excéder le niveau correct ou approprié, que ce soit par zèle, ou par manque de jugement.

Derrière cette intro qui en met plein la vue, et vous fait prendre conscience que vous allez lire quelques lignes d’un mec qui ne se prends pas pour de la merde, se cache en réalité un avertissement adressé aux plus sensibles. Si vous êtes arrivé sur cette page, peut-être était-ce suite à une erreur de navigation, votre unique main disponible ayant glissée sur le mauvais lien,la seconde étant trop occupée à d’autres activités qu’il serait
bon de ne pas mentionner pour votre honneur…

Ou bien, à l’inverse, étiez-vous parfaitement conscient de vos actes et souhaitiez lire quelques avis sur
un jeu -que dis-je, une légende- ayant déjà connu un succès non dissimulé auprès d’un certain public
il y a quelques années de cela, ce qui nous ne fait pas rajeunir, nous les vieux cons.
Si cette seconde option vous correspond, gardez vos deux mains en évidence et abordons les choses sérieuses.

Je précise donc d’emblée que cette review n’est que partiellement sponsorisée par les éditions Nathan, et que pour ceux qui n’auraient pas révisé la veille les origines de la série, le cours d’histoire ne se passe par ici, ça c’est dit. Maintenant qu’on est entre personnes respectables, vous n’êtes pas sans savoir que The House of the Dead: Overkill fût entre autres l’un des plus gros doigts d’honneur du jeu-vidéo adressé aux bien-pensants, et à ceux qui, se paluchants à l’époque sur divers FPS console simulants la vie du clone raté de Bob l’Éponge, renommé Savonette pour l’occasion, trouvaient bon ton de chier sur une console qui, à défaut d’avoir eu un soutien de qualité des éditeurs tiers, avait eu la volonté d’innover mais aussi de proposer en exclusivité 2 jeux figurants parmi les plus outranciers jamais sortis:celui dont je parle actuellement, si vous suivez toujours, et le
non moins fameux Madworld.

Certains d’entre vous auront reconnu que je parlais de la Wii, à moins que vous ne fassiez parti des affreux gugus décrits plus hauts et que pour vous, cette console rime toujours avec « Léa Passion FermeTaGueule » et « L’Entraînement Cérébrale du Professeur Fukushima », dans ce cas je vous invite prestement à quitter cette page, car même a 14 ans, j’avais du mal à rire de ces clichés, même en me forçant, surtout quand en face on ventait des jeux payés 70 balles mal dégrossis et dont la communauté n’avait rien à envier à une classe de CM1.
Je suis soigneux mon public, moi.

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BREF.

The House of the Dead: Overkill, détenteur officiel du record du monde d’insultes enregistrées sur un temps de dialogue donné dans un jeu-vidéo, était une mission risquée lancée par Sega, celle d’apporter des jeux matures sur une console d’une firme pas franchement réputée pour son soutien sur les jeux trop excessifs -et donc, à l’encontre de leur politique-, mais aussi d’emmerder profondément les mauvaises langues qui vouaient cette machine à trôner sur la table de nuit de ta petite soeur. Mission à haut risque, partiellement réussie: Madworld et Overkill auront unaninement reçu le salut critique des joueurs, malgré d’évidentes lacunes sur chacun des deux, mais le prix du risque aura eu un coût non négligeable: des ventes globalement maigres pour deux jeux qui auraient mérité beaucoup plus d’attention.

Moi j’ai envie de dire, les absents ont toujours tort, et je n’irais pas pleurer pour ceux qui à l’époque ont boudé ces deux tueries au profit de jeux plus commerciaux (ou merdiques, au choix). Nah.

Pour entretenir le brasier incandescent allumé par Overkill, Sega ayant bien compris que la préquelle de sa série phare n’avait pas les moyens de connaître le succès qu’elle méritait chez Nintendo, la firme se décide à porter le jeu chez la concurrence. Sony accueille donc une version « Extended Cut » d’Overkill deux ans plus tard, comprenant des graphismes revus à la hausse, un framerate bien plus stable (chose qui manquait à l’original), et de nouveaux niveaux rallongeants la durée de vie du soft. Que du bon donc,
mais une fois de plus, le succès ne sera pas au rendez-vous.

Le lifting graphique de l'Extended Cut d'Overkill reste appréciable même si le soft ne mise pas sur la puissance graphique.

Le lifting graphique de l’Extended Cut d’Overkill reste appréciable même si le soft ne mise pas tant sur son moteur.

 

La raison est cette fois plus évidente, arrivée du portage en toute discretion, peu de promotion, disponible depuis plus de deux ans chez Nintendo… à quoi bon s’y pencher? Sachant qu’en plus le PSMove nécessaire pour en profiter à 100% est un accessoire dispensable de la console que peu de personnes ont en leur possession. Un bide programmé qui ne démotivera cependant pas Sega à continuer sa croisade sur divers supports, en passant par les portables avec The Lost Reels, version peu jouable, amputée, et pour le coup dispensable du déjà culte Overkill. En même temps, c’est mérité, soit tu es une pédale de Candy Crush, soit un badass d’Overkill, mais pas les deux.

L’histoire me fait tout de même dire qu’après une bonne intention sur Wii, l’appel du pognon aura motivé Sega a surfer sur le succès culte d’Overkill pour user son modèle à toutes les sauces jusqu’à l’indigestion, tant mieux pour certains dirais-je, qui auront pu profiter de ce petit bonheur sur à peu près tous les supports récents, mais l’aspect commercial de la démarche reste cela dit bien présent. Mais bon, que voulez-vous, Overkill, c’est comme les fous, plus y’en a mieux c’est. Et c’est ainsi que…

Voyelle... Consonne... Consonne... SPELLED, Merci Bertrand on passe aux chiffres.

Voyelle… Consonne… Consonne… SPELLED, merci Bertrand on passe aux chiffres.

 

Portage teasé sur le site de Sega par l’intermédiaire d’un parternariat avec Des Chiffres & Des Lettres, puis annoncé et sorti le jour même, celui d’Halloween, histoire de faire les choses convenablement. Communication catastrophique donc, pour ce qui s’avère pourtant être la meilleure version du soft qu’on puisse trouver. Mais si vous avez bien lu, vous aurez remarqué qu’ici, il ne s’agit plus de « The House of the Dead: Overkill« , mais de « The Typing of the Dead: Overkill« . Qu’est-ce que c’est que cette connerie ? Hé bien tout simplement, au lieu de viser des hordes de mutants (et non pas de zombies, n’utilisez plus le Z-word), vous devez cette fois-ci les éliminer en faisant parler vos talents de dactylo en rédigeant les mots qui apparaissent à l’écran! …

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Holà, doucement! Précisément, vous « pouvez », car cette édition comprend également le jeu de base, dans toute sa splendeur, où les plus bourrins d’entre vous pourront s’amuser à faire des headshots à l’aide du pointeur classique de la série. On nous propose ici un double jeu, chaque type de gameplay étant scindé en deux progressions différentes, pour une rejouabilité gargantuesque si l’on accroche au soft.

Sachez tout de même que ce crossover pour amoureux de la dactylo ne date pas d’hier, les jeux originaux de la série ayant également connu ces spin-offs à leur époque sur Dreamcast, également salués par la critique pour leur inventivité et l’ingéniosité de l’idée malgré des apparences bancales à première vue.  C’est donc un double retour d’entre les morts (haha…) qu’opère (hoho…) The Typing of the Dead, ayant pour but de ramener à la vie un Overkill malmené depuis sa sortie originale, et une série de spin-offs de qualité oubliés par la plupart.

Et vous savez quoi, c’est réussi.

Oui, c’est réussi, The Typing of the Dead: Overkill est un jeu réussi, et putain je n’y croyais pas du tout tant la démarche semblait faussement honnête. L’équipe originale d’Headstrong Games ayant fait place à celle de Modern Dream pour ce portage, je suis en mesure de dire que ces petits gars ont fait un beau boulot de reconversion avec un court délai selon certaines interviews, pour un jeu qui ne me lassera jamais, et que la fanbase plus solide que les couilles du Terminator a accueilli avec plaisir malgré un prix un brin exagéré, aussi bon soit ce dépoussiérage. 18€ pour un classique de l’année 2009 enrichi de quelques bonus, cela pique un peu, mais la promotion d’un Humble Bundle où figurait la bête était tout simplement immanquable pour tout amateur de la série qui se respecte.

Le jeu, vous le connaissez déjà: ambiance Grindhouse bien crade, références au cinéma de genre brillantes, OST foutrement culte, dialogues orduriers à foison, one-liners en béton armé et gore outrancier, tout y est, en plus beau, en plus fin, en plus fluide, 200% Overkill pour une double ration dans la gueule qui plaira à un large nombre de joueurs, que l’on opte pour sa version dédiée aux pros du clavier, ou aux flingueurs invétérés qui préfèrent le feeling d’un bon vieux viseur. Ajoutez donc à cela les niveaux inédits de la version Extended Cut, la haute résolution, le multijoueur en ligne, les leaderboards, de nouveaux bonus et une parfaite intégration Steamworks avec cartes à échanger et tout le tralala, et vous avez tous les éléments nécessaires pour avoir le jeu ultime des soirées Bières-Pizza. La rejouabilité est évidemment l’un des points forts du titre, car si sa durée de vie
en ligne droite avoisine maximum les trois heures, le New Game +, les bonus en cours de route,
le scoring, la double progression et le multijoueur ajoutent une plus-value indescriptible
à l’ensemble rendant ce chiffre totalement caduque.

A noter que le jeu propose également des DLC de nouveaux mots pour la version Typing of the Dead, axés sur des genres précis: ainsi, selon vos préférences, et votre porte-monnaie, vous pourrez dézinguer de la carcasse en rédigeant de fabuleuses déclarations d’amour à base de « Sexual Tyrranosaur », « Furious Penis » ou bien « Hygenically Fucked », ou alors en citant les meilleurs passages de Rambo, Die Hard et bien d’autres avec
un contenu dédié au cinéma. Un beau programme qui coûte tout de même 3€ à l’unité,
ce qui a tendance à piquer le cul pour rester poli, mais bon.

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Oui enfin non. Retour au monde réel, celui où l’on doit se réveiller le matin et sortir ses poubelles, payer son loyer… Passons aux points négatifs donc.

Il y en a, peu heureusement, mais il me fallait les mentionner, histoire de vous convaincre que Sega n’a pas glissé un billet dans mon slip pour que j’encense ce jeu. Tout d’abord, si le multijoueur en ligne est une très belle idée, il faut tout simplement dire au revoir à la co-op locale. POURQUOI ?! Les bras m’en tombent. Je ne comprends toujours pas la raison, et j’ai eu beau chercher, la réponse des développeurs est claire, ça n’arrivera jamais pour des raisons techniques. Je comprends bien que la version Typing of the Dead soit difficilement jouable avec deux claviers, pas par faute du jeu mais de l’environnement sur lequel il tourne, insérer deux claviers en USB est évidemment possible mais quant à la reconnaissance de quelle touche a été saisie sur quel périphérique, c’est une autre histoire… Mais la version House of the Dead ? Pourquoi serait-ce impossible pour un joueur de viser à la souris, et l’autre au pad (si il est suicidaire) ? Tant de questions, peu de réponses, les soirées Bières-Pizza en prennent évidemment un coup avec cette lacune, mais il faudra faire avec… Flûte de pute.

Pour le reste, les détails sont mineurs (mais consentants): certains passages rajoutés de l’Extended Cut ont des problèmes d’effets audio manquants, Modern Dream l’a signalé lors d’interviews, mais cela était déjà dans le jeu de base, pourquoi ne les ont-ils pas corrigés, c’est une autre histoire… Ces moments restent cela dit assez rares pour ne pas gâcher l’expérience. Le fait amusant reste que ces fameux passages n’ont aucun problème notable lors des sessions multijoueurs… La qualité du portage en elle-même est au-delà de ça solide, n’ayant eu absolument aucun problème durant le jeu excepté quelques soucis de stabilité lors du multijoueur, assez vite résolus. L’absence de la séquence d’intro clin-d’oeil à Planet Terror avec la fameuse Strip-Teaseuse (deux mains sur le clavier j’ai dit) manque à l’appel également, chose bien dommage tant celle-ci était bonne (l’intro hein…), et de surcroît « remasterisée » dans la version Extended Cut. Ca fait chier donc.

On notera enfin l’absence de mode « Director’s Cut » pour la version Typing of the Dead, chose étonnante, qui en résulte au final que le mode House of the Dead est plus fourni en contenu que son homologue dédié aux dactylos, étant pourtant l’attrait principal de cette version PC. Un choix curieux, mais on fera avec.

Assez peu de défauts pour beaucoup de qualités, voilà comment résumer ce portage d’House of the Dead: Overkill, sur lequel je ne misais pourtant pas une couille. Modern Dream a réussi avec brio à redorer le blason du jeu original, en offrant aux joueurs PC une expérience efficace, maîtrisée et pas fainéante malgré quelques écueils. La conversion a été travaillée, cela se voit, et ça fait bien plaisir contrairement à beaucoup d’autres portages consoles dégueulasses de bout en bout.

Le rail-shooter est mort, House of the Dead: Overkill en est la preuve, et c’est franchement bon.

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Duma Key de Stephen King.

Qui à l’heure actuelle n’a jamais entendu parler de Stephen King ? Ecrivain largement adapté au cinéma, King a écrit The Shining, La Ligne Verte, La Brume (The Mist), Dreamcatchers,etc… Donc si son nom vous est inconnu, ça veut certainement dire que vous avez vécu dans une grotte thermique en Atlantide durant ce dernier siècle.
Auteur moderne majeur, la vision de l’horreur de King est vaste et ne se limite certainement pas à un amas de monstres hideux. Ses créatures, bien souvent lovecraftiennes, sont assez personnelles : Ça est un bel exemple. Livre malsain au possible, et aussi l’un des plus appréciés de notre ami du Maine. Mais King ne verse pas que dans l’horreur pure et dure avec son lot de gore, il est très doué dans le low fantasy et dans le drame humain, Carrie en est un bon exemple. King est aussi capable d’impatienter le lecteur en mettant l’intrigue en place, pour un final jouissif, comme le fait Bazaar.
L’Américain écrit énormément, la liste de livres s’élèvent autour des cinquante, plus des recueils de nouvelles à la qualité, ma foi, assez variable. Vous imaginez donc qu’il s’est pas fait chier à écrire cinquante histoires de zombies vampiriques bouffant des petits gosses.

Avant Duma Key, deux bouquins ont été écrits. Tout d’abord Cellulaire : tous les téléphones mobiles du monde reçoivent un appel, à savoir pas loin de 70% de la population (Américaine tout du moins), et presque tout le monde décroche. Cet appelle réduit les interlocuteurs en zombies assoiffés de sang, qui finissent par s’organiser en tribus, forçant les quelques gars qui ont survécu à se débrouiller, et à découvrir le pourquoi du comment… Ce bouquin, bien foutu, bien raconté et bien branlé mais pas original pour un sou : une sorte de Le Fléau mélangé à du Désolation avec un thème moderne… Puis est venu L’Histoire de Lisey… Une histoire d’amour… Un vrai exercice de style, un récit alambiqué… S.King est capable de bâtir de belles relations entre ses personnages, et parfois des trucs complètement banals se lisent avec plaisir sous la plume de ce vieux gars à lunettes.

Eh oui, c'est lui l'auteur de vos cauchemars!

Puis viens Duma Key… Roman se passant majoritairement en Floride, pays du soleil pour les Américains… Le héros est pour le moins étrange : Edgar Freemantle, possédant une entreprise de construction prospère a un accident sur un chantier : son pick-up percute une grue, dans l’accident, le monsieur perd son bras, à sa hanche réduite en poussière et a une fracture à contrecoups au crâne… Lui faisant perdre la mémoire… Crises de colère, rééducation, divorce… Voilà que notre Monsieur quinquagénaire, manchot, partiellement amnésique et colérique se retrouve seul. Son psychologue lui conseille de partir un an, un traitement géographique, et de s’adonner à un hobby… Le dessin pour Edgard… Notre homme part sur Duma Key, et des forces étranges vont lui faire faire des progrès incroyables… mais à quel prix ?
Voilà en gros pour poser le scénario (je ne révèle pas grand-chose, vous pouvez lire ça sur la quatrième de couverture)… Le bouquin est comme l’histoire de Lisey, très humain, même si King n’a pas fait un exercice de style alambiqué pour Duma Key… A vrai dire, le bouquin est parfois vraiment drôle. Tournant au ridicule son héros amnésique dans les premiers moments, qui de colère hurle à sa femme de ne pas rester debout alors que l’homasse, l’ami, le pote est posé dans le coin. Jouant sur l’absurde, l’ouverture du livre ne laisse en rien présager la suite… Il est de mon avis que ce livre serait, narrativement parlant, moitié Histoire de Lisey (tisser des relations, ici une belle amitié, un sens tragique prononcé) et moitié Bazaar (longue mise en place de l’intrigue, et explosion seulement dans le dernier tiers). Stephen King parvient dans le même bouquin à toucher, à mettre une tension, du mystère et de l’horreur. Il n’a jamais fait dans l’heureux et ce n’est pas avec celui-ci qu’il va commencer. Les thèmes du pouvoir de l’art sont bien foutus, et bien traités, malgré quelques petits clichés.

Autant le dire brutalement : ce n’est pas un des meilleurs King, mais loin d’être l’un des pires. Sa qualité est certaine, et son charme tient à plusieurs éléments : personnages attachants, la palme revenant à Jérôme Wireman, ex-avocat qui a eu son séjour en enfer, fonctionnant à grand renforts de citations de bouquins, de musique rock et de ses propres proverbes, ses discours parsemés de bribes d’espagnol (pas que je sois fan de cette langue, mais bon). La citation marquante du livre est sans doute « Dieu nous punit pour ce qu’on est pas capable d’imaginer ». Phrase qui a tout son sens dans le bouquin. Est-ce que le héros s’est un jour imaginé être un manchot peintre alors qu’il y a deux moins il avait une famille et une entreprise ?
Par le pouvoir de ses personnages attachants, King fait monter la tension : on est nerveux à l’idée de savoir ce qu’il va arriver aux

personnages, à sa famille, à ses amis dans les moments d’horreur… Oui, nerveux, pas loin de la peur alors que l’intrigue se passe en Floride, sous les palmiers, le soleil, et les plages de sable blanc… Autre charme indéniable du bouquin, le cadre neuf, ensoleillé qui confère du pouvoir à l’œuvre, ça change du Maine, et des villes brumeuses, une vraie brise fraiche avec des relents putrides.
Parlons de l’écriture elle-même, de la prose du maître. King n’a jamais fait dans le soutenu, c’est pas du Balzac ou du Pouchkine, King manie le langage courant et le familier avec brio dans plusieurs de ses bouquins. Il sait mettre en place une ambiance avec des mots communs, rendant la lecture fluide, sans accrocs. On a le droit à des récits parfois classieux (the Shining) ou à des grosses séries B parfois bien drôles (des passages de Désolation, voire même de Ca). Duma Key par exemple, peut être très drôle, on a des grosses vannes juteuses bien connes de la part du héros, le tout avec le gros lot de grossièretés et de conneries; mais il peut être très émouvant, très angoissant même : peur diluée dans tout le livre qui explose dans son dernier tiers…

Et si vous êtes radin, il y a l'édition de poche !!!

Mais les quelques petits soucis propre à l’Américain reviennent… Une fin brusque, amenée avec brutalité ; des moments clé torchés en une page alors qu’on a plus de détails sur le petit-déjeuner du héros vingt pages plus tard; quelques petits clichés pas loin du « Tous les deux, on pourrait être immortel et avoir des nanas en bikinis pour lustrer nos derches à longueur de journée » , c’est petit, ça peut passer inaperçu, mais bon c’est dommage de prendre des facilités pareilles quand on a une carrière derrière…

L’écrivain est un homme changé. Ceux qui veulent encore des grosses tripes, et des vampires ou encore des descriptions précises sur des cadavres disséqués peuvent aller voir ailleurs. Stephen King a vieilli, et montre que l’horreur, l’horreur à laquelle il est resté attaché durant toute sa carrière, est présente partout, même dans les choses communes de la vie… Une horde de vampires ou un accident tragique ? Qu’est-ce qui vous empêcherait le plus de dormir ? Stephen King n’abandonne pas l’épouvante dans ce nouveau virage, il montre qu’il est à vrai dire plus proche que ce qu’on ne peut l’imaginer… Et puis dieu ne-nous punit pas-t-il pour ce qu’on n’est pas capable d’imaginer ?